Lorsque mon funky gynécologue, au regard de nos examens dignes du guiness des records, nous a orienté vers la PMA nous ne nous sommes pas tellement posé la question du privé ou du public.
Il faut dire que nous sommes des gens impressionnables, et le fait de nous parler de "grandes pontes", de "meilleurs dans leurs domaines" et consort nous a poussé à nous orienter dans le privé avec l'euphorie d'un ticket de loto gagnant.
Et puis les cabinets dans le 16ème, les triples portes et secrétaires pour un seul médecin, il faut dire que ça en jette.

Ca en jette beaucoup moins quand on rencontre celui que nous nous sommes représenté comme un demi dieu et qui nous dit "vous êtes un dossier très intéressant". On se met presque -non carrément- à le haïr quand les opérations et donc FIV deviennent impossible, que non sans douleur nous y renonçons, et que le grand monsieur -ou sa secrétaire- ne rappelle jamais, alors qu'une date était déjà arrêté pour la FIV. C'est sans doute une question de personne, mais les deux surdoués de la reproduction que nous avons rencontrés sont probablement très compétents pour tout ce qui concerne les dosages hormonaux mais certainement pas pour envisager que derrière ces taux il y a un humain, qui se sent un peu réduit, lorsque l'on s'adresse à lui en l'appelant presque "FSH un peu faible à J 3".
Il ne s'est pas non plus préoccupé du fait qu'il a maintenu que je devais prendre de l'acide folique pendant toute la durée des examens de Ray et bien que j'entende parfaitement qu'il faille en prendre pendant 8 semaines avant le début de la FIV, les dits examens se sont quand même étendus sur 6 mois. Alors j'ai fais la punk et j'ai dis fuck à l'acide folique contre l'avis de mon ponte.

A ce propos, pour les novices, et surtout pour l'industrie pharmaceutique, je tiens à préciser qu'il est particulièrement sadique de faire ces comprimés d'une forme et d'une couleur similaire à celle des pilules contraceptive. Selon ma compréhension, on prend ce machin là lorsque l'on veut tomber en cloque -et y rester- et c'est pour ainsi dire un sentiment étrange, que d'avoir l'impression de prendre chaque matin la pilule; de surcroît lorsque l'on a besoin de la science pour se reproduire.

Du coup, lorsque nous sommes arrivés au CECOS, c'était l'euphorie. Très sincèrement, y aller nous rendait heureux. Des funky docteurs, qui prennent le temps d'expliquer, de nous recevoir, de nous écouter. Qui détaillent les procédures, proposent un psy, se souviennent de nous. Quand s'est posé la question de la pratique de l'IAD, nous nous sommes naturellement dit que nous la ferions à l'hopital, parce que c'est plus simple. Parce que ça évite de se demander si nous allons devoir nous balader avec du sperm congelé dans le métro ou si quand même c'est plus décent de prendre un taxi, parce qu'il y à un seul étage entre le CECOS et le service de gynécologie, et parce que cela évacue le problème du thermos en verre (le truc improbable).
Le funky docteur du CECOS nous a prévenu, cela impliquait de rencontrer un nouveau gynéco, se raconter, faire probablement de nouveaux examens...

Nous avons foncé la tête baissé, mais les travers nous ont vite rattrapés. Premier rendez vous annulé, au bout de 4 heures d'attentes, le médecin avait trop de retard dans sa liste de rendez vous et est finalement partit déjeuner. Second rendez vous, nous sommes plus rodés, plus insistants sans doute aussi. Le docteur nous reçoit. Passez moi seulement vos examens. Pas un mot, rien de nous, si ce n'est nos résultats. Nous repartons avec un liste d'ordonnances, pour des examens dont nous ne connaissons pas le sens. Je rappelle le lendemain, pour prévoir les deux autres rendez vous nécessaire, un pour présenter les résultats des examens que l'on nous a prescrits, l'autre pour rencontrer une sage-femme qui nous expliquera en détail le protocole pour la stimulation.

Je ne veux plus voir ces docteurs. J'ai parfaitement conscience qu'ils font partis d'un système et que leurs conditions de travail ne leurs permettent pas d'agir autrement. Mais je me sent trop malmené. Ray me dit de lui laisser une seconde chance, que c'est à nous de revendiquer notre humanité dans cette situation, et qui si ça ne passe pas alors nous chercherons d'autres options. J'appelle. Le médecin que nous avons rencontré la veille ne travaille plus à l'hopital, c'était son dernier jours. Elle ne nous l'a même pas dit, je devais reprendre rendez vous avec elle d'ici un mois. C'en est trop, je remercie la secrétaire, et go back to le privé.

Mon funky gynéco me reçoit comme une reine. Deux ans après il se souvient de nous, de notre histoire. Il fait des IAD. Il me reçoit dans son cabinet, je lui raconte notre parcours. Il écoute, est attentif, jette un coup d'oeil aux examens. Je parle, je parle, et j'arrive à lui dire que j'ai peur de la stimulation. Que ce soit envahissant. Intrusif. Il lève un sourcil, regarde certains documents et me demande pourquoi je pars du principe que je devrais obligatoirement faire une stimulation.

WTF?

Effectivement, en terme de gestion, c'est plus simple. Ovulation au jour dit, à l'heure dite, insémination réglée comme un coucou suisse. Cependant, sans stim, bien que la date d'ovulation soit moins précise, il y à une fenêtre temporelle plus grande, et de son expérience, l'une ou l'autre technique n'ont pas un taux de réussite plus important. Cela dépend seulement de la femme, ses cycles, etc... Jamais avant lui, il n'avait été question d'envisager de faire une IAD sans stimulation. C'est le choc. Globalement ça signifie que l'on préfère shooter systématiquement les femmes aux hormones pire qu'une vache mc do, plutôt que de prendre en compte les situations individuelles. Bien sûr cela génère des contraintes organisationnelles beaucoup plus importantes, mais libre étaient les médecins de nous dire que cela se pratiquait avec ou sans stimulation, mais qu'à l'hopital la stimulation était systématique. Avant lui, nous n'avions pas le choix, nous ne savions juste pas. L'IAD nous a toujours été présenté comme un package avec la stimulation.

Nous nous revoyions le mois prochain, pour déterminer quel type d'IAD est le plus adapté par rapport à mon profil et le mois suivant, c'est le baptême du feu. Deux ans plus tard, c'est une certitude, c'est lui qui aura son cabinet envahi de fleurs lorsque je serai enceinte. Pas tant parce que je serai enceinte, mais parce qu'entre tous, c'est le seul qui ne m'aura jamais fait sentir que je ne suis pour le corps médical qu'une série de taux par rapport à une moyenne dont le seul objet de leur intervention, serait de leur permettre de les faire parfaitement coïncider.

Privé ou public, mon coeur balance

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