Quand on a commencé les IAD, nous étions redevenus choupi. A croire que tout allait se passer à merveille -comprendre que la première tentative allait marcher-, que tout ne serait que joie bonheur et allégresse. J'imaginais les oiseaux revenir chanter dans notre maison, et me préoccupais du meuble de la cuisine que nous nous étions engagés à terminer avant de vider "la pièce du fond". Lol

On est choupi aussi de croire que comme ça ne marche pas à la première, alors la suivante sera nécessairement la bonne. Eh eh eh, toujours pas. La prochaine aura lieu dans une semaine -week end de Paques, CECOS fermé, comme toujours une configuration idéale- et j'y vais à reculons. J'en ai envie bien sûr, terriblement envie mais en attendant on mange. En attendant, on s'imagine que c'est possible.

Pour contrecarrer ce genre de fantasmes, dont on sait d'expérience combien ils sont douloureux jusqu'à maintenant, je m'emploie consciencieusement à bien mettre en oeuvre tout ce qui ne constitue pas un hygiène de vie idéal lorsque l'on cherche à se reproduire.

Ray à laché l'affaire sur la clope, je pense qu'il comprend juste. Je crois qu'il a perçu que tant que je n'aurai pas ces putains de deux barres sur un test je ne pourrai pas arrêter. Arrêter veut trop dire "je suis enceinte". Le faire avant c'est dire au monde entier et à moi-même que nous sommes des loosers de la reproduction.

Ensuite, c'est bien connu, un petit cône en début de cycle n'a jamais fait de mal à personne. Alors oui, on lit sur le grand Ternet que ça à un peu tendance à inhiber l'ovulation, mais bon, la date prévue étant le lundi de Pâques, si j'ai un jour de retard ça m'arrange plutôt -de là à faire un lien de causalité entre nombre de joints fumés et jours décalés d'ovulation, il n'y à qu'un pas. C'est fou ce que l'addiction engendre comme mécanismes de raisonnement douteux.

Ajoutons à cela un verre par ci, du sommeil hâché par là, pizza surgelé le soir parce qu'équeuter les haricots c'est un peu trop éprouvant après le boulot, et on commence à être dans de bonnes dispositions.

Pour ainsi dire, cette troisième IAD je n'y crois pas. Je n'y crois pas simplement parce que c'est trop difficile d'envisager que ça puisse ne pas marcher. Alors bien sûr, le D-day et les quatorze qui suivront, j'aurait ça en tête, mais c'est comme si je m'étais déjà résignée à ce que ça foire. J'en arrive à me dire que ce dont je n'ai plus qu'envie, c'est que le cauchemard s'arrête.

Je pensais au début que ce serait en tombant enceinte, mais dans l'absolu, ce qui est douloureux, c'est de tenter de tomber enceinte. Ca me pèse que depuis plus de deux ans, mon couple ne tourne plus autour que de cela. Ca me pèse de n'avoir pas pu programmer de vacances durant tout ce temps, parce que je me disais que peut-être. On nous propose de partir en week end en mai, un tour chez la tante en Bretagne en juin, et la seule réponse qui me vient en tête c'est "ça va dépendre de mon ovulation, sauf si je suis enceinte d'ici là". Peut être que deux tentatives c'est déjà trop lourd pour nous. Que l'on a besoin d'un peu d'air. Que subitement, j'ai besoin que notre couple soit autre chose que deux êtres misérables dont le désespoir est de ne pas pouvoir construire leurs projets de vie. Je suis fatiguée de souffrir, d'attendre, j'ai juste besoin que cela cesse -au moins pour un temps-. J'en suis arrivée à me dire que je ferai bien un test à J16, juste pour être sûre qu'il soit positif après mon shoot de gonadotrophine. A me dire, que même si je sais pertinnement que ce sera un faux positif, c'est le seul que je suis sûre de voir avec deux traits dans les semaines qui viennent. Ca ne me soulagerait en rien -au contraire, simplement ça dira un peu plus formellement quelque chose de mon désespoir et m'engagera peut être à mettre ce projet en pause pour de vrai.

Bien foirer son IAD en quelques leçons

Partager cet article