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Let Them Talk
3 mars 2013

En finir avec la spirale de la loose

 

 

 

Si il y à bien quelque chose que ces dernières années m'ont apprises, c'est à me protéger. Le plus efficace étant de cesser de se projeter. Oui mais voilà, quand on sait que l'on a du sperme décongelé dans le ventre, que cela là comporte des spermatozoïdes en quantités, mobiles et tout, les choses deviennent plus compliquées.

Attendre 15 jours après la première IAD fut un calvaire. Etonnament, je n'oscillais pas entre "suis-je enceinte" ou "ne le suis-je pas", je m'imaginais juste que dans quelques mois, je pourrais être la tête dans la cuvette des chiottes. Je m'imaginais emmener une brosse à dents au travail, et refuser avec un immense bonheur intérieur d'aller prendre une bière, pour conserver le secret de la vie qui grandirait en moi encore quelques temps.

Lorsque j'ai eu mes règles, la déception a été aussi vive qu'une porte qui claque. Tout s'est soldé par un "tant pis", on savait bien que ça pouvait ne pas marcher du premier coup, ce à quoi je m'accrochais surtout c'est que maintenant ça pouvait marcher, pas forcément ce mois ci, mais sur du long terme.

A l'aube de notre seconde IAD je suis un peu rattrapée par tout ce truc. Déjà la configuration est moins idéale. Ray n'aura pas de journée, et je me balladerai seule avec mon sperme congelé dans le métro. J'attendrai seule allongée sur la table du gynéco une dizaine de minutes, alors que ce moment, que je redoutais plutôt la première fois, me laisse le souvenir d'un moment de tendresse. La lumière filtrait par la fenêtre du cabinet, Ray était là, appuyé sur ma jambe replié, il caressait ma joue, et j'avais l'impression que c'était beau de faire un bébé, même comme ça.

Je redoute cette seconde IAD, parce que cette fois là je serai seule. J'ai peur que le cabinet me semble juste froid. Je crains de rentrer seule et être traversée non pas par l'expectative de la dernière fois, mais la crainte que notre spirale de la loose continue.

Et puis déjà, dans mon petit cerveau de névropathe s'insinue le doute. Et si pour nous, pour quelques obscures raisons, ça ne marchait pas. Si le mois prochain, mon gynéco me propose le clomid, et le suivant le shoot aux hormones, si nous en arrivions à une FIV? Et si ce que nous avons voulu éviter jusque là, à savoir une médicalisation outrancière, au détriment de se reproduire avec nos propres gênes, s'avérait indispensable.

Je crois que ma nouvelle stratégie pour lutter contre cette angoisse est de ne pas mettre en oeuvre ce qui théoriquement pourrait augmenter nos chances de réussite. Je fume sans retenue, je vais prendre des verres régulièrement, je me nourris d'apéritifs, de biscuits et de pizza. Bref j'ai une hygiène de vie bien plus déplorable que de coutume, comme pour me dire que si ça ne marche pas, c'est de ma faute, parce que je n'ai pas fait en sorte que ça marche, et que de fait, ça pourrait toujours marcher.

Au fond, je suis partagée en permanence par deux désirs, celui d'être enceinte, et celui d'avoir un enfant. Etonnament, j'ai le sentiment que mon angoisse majeure c'est celui de ne pouvoir jamais avoir d'enfants. Alors que je commence à pouvoir me projeter comme un jour enceinte, cet enfant imaginaire et fantasmé a disparu. Pour autant, la blessure narcissique qui me semble la plus importante est celle de ne pas pouvoir tomber enceinte comme le commun des mortels... Peut-être est ce encore de la défense, ou un moyen de me protéger toujours est il que cette seconde IAD est comme iréelle. Elle n'a pas encore eu lieu, je l'apréhende, mais alors que nous sommes à un moment si important de notre vie, c'est comme si tout cela n'était que fantasme, que ça ne deviendra jamais une réalité tangible. En fait, ma vie est comme sur off. j'attends simplement. Vous savez, comme un moment désagréable, dont on attends juste qu'il se termine, avec l'impression que les secondes durent des heures. Voilà, les secondes s'égrennent, il peut y avoir une tempête autour de moi, j'attends simplement que l'heure vienne et que ce marasme quotidien prenne fin, que quelque chose me réanime, que je ne sois plus morte en attendant la vie.

 

 

 

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